Le Territoire Electoral

Le territoire électoral

 

Une fois votre décision prise, ou votre investiture officialisée, vous devez prendre la mesure de votre territoire électoral. Celui-ci peut aller du plus petit, un quartier, une commune, au plus grand, un pays par exemple, parfois même plusieurs pays pour certains parlementaires représentant leurs compatriotes à l’étranger. Quelle que soit sa taille, votre territoire doit faire de votre part l’objet d’une analyse très précise.

Les symboles à trouver

Appréhender la dimension géographique de votre territoire est la première démarche d’un candidat. Connaître sa taille, sa superficie, ses frontières, bien évidemment. Mais pour aller plus loin, vous devez vous intéresser à son fonctionnement, les axes de circulation, les points de rendez-vous, les principaux repères, les lieux symboliques. Identifier les lieux symboliques, c’est préparer la mise en scène et la mise en image de votre candidature. En 2007, c’est au sommet du Mont Saint-Michel que Nicolas Sarkozy a lancé sa campagne, de la même manière que François Mitterrand a inauguré son premier mandat au Panthéon.

L’histoire d’une rencontre

Nul ne peut prétendre aux suffrages des habitants d’un territoire s’il ne s’est imprégné de son vécu et de son histoire. La crise des idéologies poussant les citoyens à la recherche de repères, les racines territoriales se trouvent être un ciment fédérateur important. Candidat sur un territoire, votre succès dépend de la rencontre entre votre propre histoire et l’histoire des hommes qui y vivent. On dit toujours qu’une élection à la présidence de la République française, c’est une rencontre entre un homme et les Français. Pour devenir président, François Hollande, fils d’un médecin normand élevé en région parisienne s’est trouvé des racines en Corrèze, dans cette terre d’Auvergne qui a déjà donné à la France trois des six derniers présidents de la République, Pompidou, Giscard d’Estaing et Chirac. L’écriture de votre storytelling, la mise en scène de votre parcours doit intégrer ces valeurs historiques qui donnent du sens à une candidature.

La localisation de votre cœur de cible

Avec ces éléments en tête, le candidat inexpérimenté aura tendance à se précipiter sur ces secteurs à faire basculer, négligeant la base de la campagne électorale : la mobilisation des électeurs de son propre camp. La majeure partie des scrutins électoraux se joue sur la capacité d’un camp ou d’un autre à faire déplacer ses électeurs sympathisants. Plus le taux de participation électoral est faible – un électeur américain sur deux ne se déplace pas pour voter à l’élection présidentielle – plus grand sera l’impact de la voix d’un électeur que vous aurez mobilisée. Quel que soit le niveau électoral que vous abordez, votre objectif doit être d’identifier de la façon la plus précise possible qui sont vos électeurs potentiels, où et comment vivent-ils, quels sont les moyens de les toucher et de verrouiller leur vote. L’élection présidentielle française de 2007 a atteint un taux de participation exceptionnel au 2e tour, 84% de votants en progression entre les deux tours ; Nicolas Sarkozy, favori après le 1er tour, aurait pu être battu au 2e s’il n’avait poursuivi son effort de mobilisation auprès de son électorat naturel. Pour s’assurer la mobilisation maximale de leur camp, les partis politiques américains ont développé des techniques particulièrement élaborées (voir chapitre 96h GOTV).

La richesse de la communication de terrain

Ceci démontre que l’analyse électorale doit viser à aller au plus près de l’identification de l’électeur, de sa localisation, de son profil, de ses attentes. Plus vous serez riche en informations sur le comportement des électeurs qui sont en face de vous, plus vous aurez la capacité à aller à leur rencontre et à entrer en relations avec eux. La communication politique idéale, c’est celle qui met en relation directe deux êtres humains, un candidat et un électeur. C’est toute la richesse de la communication de terrain, qui passe à travers le porte-à-porte, les tournées électorales et les contacts sur les marchés. C’est toute la richesse de la communication électorale que de se substituer à ce contact direct pour faire passer l’authenticité de cette relation à des milliers jusqu’à des millions d’êtres humains.